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  • La Tunisie, un bon plan pour les nomades numériques ?

    J’ai passé une partie de l’hiver 2024 (de début janvier à fin mars) en Tunisie, et y suis retourné une semaine en automne. Si ce second séjour était à but purement privé, le premier fut quant à lui ma première expérience de nomade sur le continent africain.

    Contrairement à mes habitudes, et pour la première fois (oui, vraiment !), j’ai pris mes quartiers dans un hôtel 5 étoiles sur la côte, en demi-pension. Pour tester. Et parce que le prix était véritablement intéressant.

    Imaginez, de 33 à 38 euros la nuit en demi-pension. Dans une chambre très spacieuse. Avec l’accès à tous les services de l’hôtel (piscine intérieure chauffée, piscines extérieures, salles de sport, chaises longues sur la plage…). À ce niveau, il n’y a pas grand-chose à redire.

    J’ai commencé par m’installer dans l’Iberostar de Monastir (Iberostar Selection Kuriat Palace, 5 étoiles).

    Avantages

    • en face de l’aéroport, pas besoin de taxi.
    • station de métro (un train local qui relie la zone à Sousse, Mahdia, mais aussi à Monastir… vous allez comprendre).

    Inconvénients

    • rien à faire autour, l’hôtel est dans une « zone touristique », ce qui signifie qu’il est entouré d’hôtels du même genre… n’espérez pas aller prendre un thé ou un café dans le quartier, il n’y a rien. Vous pouvez, au choix, prendre un taxi, prendre le fameux « métro » pour aller en ville, ou marcher quelques kilomètres. Ce n’est pas forcément un souci pour tout le monde, mais personnellement j’aime bien avoir quelques magasins et restaurants à proximité quand même.
    • la position stratégique en face de l’aéroport signifie que beaucoup de touristes viennent juste un week-end faire la fête (bonjour les Anglais !), et ce n’est pas forcément agréable (gens bourrés qui crient la nuit dans les couloirs, un peu la foire au restaurant, etc.).

    En général, je ne recommande pas cet hôtel, même s’il est possible d’y travailler dans des conditions décentes. Il y a mieux.

    Ceux qui savent savent, comme on dit, mais j’apprécie le calme. C’est donc excédé par les arrivages de fêtards d’outre-Manche que j’ai déménagé dans un autre hôtel du même groupe, à Mahdia (Iberostar Selection Royal El Mansour, 5 étoiles).

    Avantages

    • entrée côté ville, entrée côté plage. Pour le coup, il suffit de faire quelques pas en dehors de l’hôtel pour trouver des cafés, restaurants, supermarchés, coiffeurs…
    • plus tranquille, surtout hors périodes de vacances scolaires. Quand je suis arrivé, l’essentiel de la clientèle était composé de retraités en séjours plus longs, venus profiter du spa. L’ambiance est bon enfant, parfaite pour travailler. Et la ville est à côté pour sortir et s’amuser.

    Inconvénients

    • un peu plus de bruit venant de l’extérieur que celui de Monastir, surtout pour les chambres côté ville (mais sincèrement, c’est gérable).

    C’est celui que je recommande, si vous souhaitez tenter cette expérience en demi-pension/pension complète. Le buffet était aussi bien plus organisé que dans l’autre.

    Maintenant, est-ce une solution idéale pour un nomade numérique ?

    L’expérience est sympa, et j’ai réussi à rentrer dans une douce routine, commençant mes journées par une ou deux heures de natation, et déjeunant dans une petite boulangerie du centre. Mon second hôtel offrait un bureau très pratique pour travailler dans la chambre, même si j’appréciais aussi travailler sur le balcon ou au bar de l’hôtel, assez tranquille en journée.

    L’internet est moyen en fonction de l’emplacement de votre chambre, et je vous conseille d’acheter une carte sim locale (ou d’utiliser vos 35 Go gratuits en itinérance avec Free mobile pour les Français). Le réseau mobile marche très bien et sera l’assurance de pouvoir rester en ligne en cas de souci avec le wifi. Ce conseil est valable pour toute la Tunisie, pas uniquement ces hôtels. Y compris dans la capitale.

    Le service de ménage passe chaque jour à des heures plutôt aléatoires, en fonction des arrivées et départs du jour. En général, j’allais travailler au bar en fin de matinée, pour être tranquille pendant qu’ils passent faire la chambre. (petite astuce : laissez quelques dinars sur la table pour la femme de ménage, et vous trouverez sûrement une petite décoration florale à votre retour)

    Pour moi, le plus gros souci a été la demi-pension. Avoir du poisson frais à volonté, des dizaines de plats de viande et de fruits de mer, un buffet de pâtisseries… m’a fait gagner une dizaine de kilos en un mois et demie. Oui oui, vous avez bien lu ! Si comme moi vous ne savez pas vous restreindre devant un buffet illimité, ce n’est peut-être pas le bon choix pour vous. D’autant plus qu’il est très facile de manger pour pas cher en Tunisie, comme on le verra un peu plus tard.

    Le dernier point, c’est que vous n’aurez pas de machine à laver sur place. Il y a bien un service de pressing dans l’hôtel, et d’autres en ville, mais si vous êtes plutôt minimaliste ou que vous préférez gérer votre linge vous-même, vous finirez comme moi, à laver votre linge à la main dans l’évier. Ce n’est pas un problème majeur, mais au bout d’un mois ça peut devenir lassant…

    Quelques astuces pour obtenir de bons tarifs :

    • La meilleure période commence juste après le Nouvel An. La température reste assez douce, et de manière générale je ne recommande pas l’été, le soleil est difficile à supporter.
    • Si vous choisissez vous aussi d’aller chez Iberostar, réservez sur le site, et utilisez les codes de réduction souvent présentés en bas de page.
    • Si vous souhaitez étendre votre séjour, faites-le par internet. Sinon vous aurez le tarif local (qui est beaucoup plus élevé, je n’ai jamais compris pourquoi, mais c’était le cas pour les hôtels à Tunis aussi). En général, je me contentais de reprendre des jours sur leur site, et d’ajouter une note avec mon numéro de chambre en expliquant que je souhaitais prolonger (histoire qu’ils me gardent dans la même chambre). Puis, le matin du checkout, j’allais payer la nouvelle réservation avant de prendre mon petit déjeuner, et c’était réglé.

    Tunis

    Après avoir réalisé que je ne rentrais plus dans mes pantalons, j’ai décidé de partir visiter la capitale. Histoire aussi d’avoir une expérience différente.

    Sur place, pas d’immenses hôtels touristiques, mais de petits hôtels standards, adaptés aux voyageurs de commerce et autres voyageurs. Plus de piscine, de spa, ou de demi-pension. En revanche, une position centrale qui offre un accès à toute l’offre culturelle, sociale et commerciale de la ville.

    Les hôtels offrent généralement un petit déjeuner continental avec quelques spécialités locales, qui permettent de bien commencer la journée. Les chambres sont plus petites que dans les 5 étoiles de la côte, et certains n’ont pas de bureau (ou en tout cas de table suffisamment confortable pour y travailler à la journée).

    L’isolation étant ce qu’elle est en Tunisie, attendez-vous à un certain niveau sonore. Essayez d’éviter les écoles (hymne national dans la cour le matin, plus les récréations), les mosquées (appels à la prière), et autres lieux du genre. Le seul hôtel que j’ai testé avec une bonne isolation était le Novotel de l’avenue Mohamed V, mais à plus de 200 euros la suite ça n’est pas forcément le premier choix, d’autant plus que le bureau n’était pas forcément confortable (la table à manger, déjà plus). Ailleurs, des écouteurs à annulation active du bruit (dans mon cas, des AirPods Pro) sont les bienvenus pour atténuer le bruit de fond de la vie locale.

    Si je devais conseiller un hôtel en particulier, ce serait le Carlton, situé sur l’avenue principale en plein centre. Ce n’est pas le moins cher, mais il est bien situé, le service était plutôt correct, et le petit déjeuner est excellent. Attention cependant, le « bureau » dans certaines chambres est ridiculement petit (ça convient pour un laptop, mais pas bien plus quoi !).

    Trouver de quoi manger n’est pas un souci. Pour environ 10 à 15 dinars (3-4 euros), vous aurez une assiette, souvent bien garnie, avec de la viande, des frittes, de la salade, et souvent des pâtes, du riz ou de la soupe. Le pain est inclus, ainsi que du harissa et autres en apéro (à manger avec le pain). Pour à peine plus cher, vous aurez un bon couscous ou d’autres spécialités locales. Vous pouvez aussi vous aventurer dans la médina, ou d’autres petites rues alentour pour tester les fast-foods locaux, souvent pour 1 à 2 euros.
    Bien entendu, vous trouverez également des restaurants bien plus luxueux si vous le souhaitez, pour des repas plus exotiques (ou européens). Attention au restaurant et à la pâtisserie Le Parnasse, un peu plus haut sur l’avenue Bourguiba, ils arnaquent régulièrement les touristes (ils ont essayé avec moi, et les avis sur Google maps finiront de vous convaincre). En revanche, de l’autre côté de la rue, il y a un bistrot turc qui sert des assiettes bien garnies et délicieuses à 15 dinars, avec une soupe en entrée.

    Niveau vie sociale, beaucoup de choses à faire, et quelques évènements professionnels pour ceux intéressés également. Pour les autres, n’hésitez pas à visiter les soirées d’échanges linguistiques ou les évènements culturels pour rencontrer des locaux.

    Comme partout en Tunisie, votre connexion mobile peut-être utile, car le réseau d’internet fixe n’est pas toujours au point.

    Même si j’ai beaucoup apprécié être au centre pendant quelque temps, il m’était plus difficile de me concentrer sur le travail, car il y a beaucoup trop de choses à y faire, et de vie sociale.

    Maintenant, passons à ma recommandation principale : la banlieue.

    Sincèrement, si je retourne à Tunis, c’est l’endroit où j’irai en priorité. La Marsa, à côté de Tunis. Une banlieue chic qui présente un peu tous les avantages de la Tunisie : la mer, les bons restos chics, mais aussi les petits bistrots locaux, la proximité avec la ville, mais plus de tranquillité. Des lieux pittoresques à proximité, avec notamment Sidi Bou Said et les ruines de Carthage. Pas en hôtel, mais plutôt dans l’une de ces charmantes villas en bord de mer.

    Pour moi, c’était l’idéal pour obtenir un bon équilibre de vie et de travail. Promenades et séances de bronzage sur la plage (en mars, les gens se baignaient déjà), dîner au bistrot du coin. Courses au marché local.

    Pour travailler, la cour intérieure était suffisamment calme (généralement, elles n’ont pas d’ouvertures vers l’extérieur), ainsi qu’un petit bureau dans le salon. Le quartier reste plus calme que le centre-ville, et le réseau mobile est toujours excellent. Il y a aussi quelques cafés modernes et corrects pour passer quelques heures sur un ordinateur portable.

    Pour éviter de perdre du temps à midi, il est facile et peu cher d’utiliser Glovo pour se faire livrer un repas à domicile.

    De plus, on reste à quelques euros de taxi de la ville (ou à moins d’un euro en « louage », des minibus qui font la liaison). Il y a également une ligne de train urbain, le TGM, qui relie La Marsa à Tunis, en passant par Sidi Bou Said, Carthage, et quelques autres localités.

    Quelques recommandations dans le coin :

    • Le restaurant YaBon : pour les amateurs de poisson. Vous choisissez votre poisson dans la vitrine, ils vous le grillent sur place et vous le servent avec une garniture maison. On n’y va pas pour le confort ou la décoration de la salle, mais pour la qualité du produit. Très bruyant et très fréquenté (c’est un euphémisme), il n’ouvre que quelques heures par jour pour le midi. À faire au moins une fois si on aime le poisson !
    • Les thermes d’Antonin : des vestiges impressionnants, et sans doute les plus beaux thermes romains que j’ai visités dans ma vie. Si vous ne visitez qu’un seul site romain à Carthage, c’est celui que je recommande. À savoir qu’il est assez facile de faire la plupart des autres sites à pieds, avec un ticket unique pour la journée. Y consacrer une journée si l’on est amateur de ruines anciennes.

    Avis général sur la Tunisie

    Le moins bon :

    • La saleté. Malheureusement, des déchets partout… les gens ont tendance à tout jeter dans la nature, dans la rue…
    • Les mendiants et sollicitations permanentes : on m’a dit que c’était bien moins présent qu’en Égypte, mais pour moi c’est déjà trop. Il faut parfois gueuler un peu pour qu’on vous laisse en paix… jusqu’au prochain. Sans compter les insultes qui tombent régulièrement quand on leur dit non.

    Le positif :

    • C’est bon marché. J’ai dépensé environ 1500 euros par mois sur place, mais vous pouvez le faire pour bien moins cher si vous le souhaitez.
    • Climat doux en hiver.
    • Nourriture plutôt bonne (un peu épicée parfois, ça peut en déranger certains).
    • La langue : vous pourrez parler français quasiment partout. Les jeunes ont tendance à apprendre l’anglais désormais, donc pour les moins de 30 ans vous serez peut-être amené à pratiquer la langue de Shakespeare. Mais en général, la communication est rarement un problème pour nous autres, les francophones.

    En fin de compte, la Tunisie reste une destination sympa pour un nomade numérique, à visiter en hiver ou à la mi-saison. J’ai pu travailler sans encombre, et vivre ma vie sans vraiment me soucier des prix. Je ne regrette pas du tout d’y être allé, et le referai peut-être dans le futur.

    Autres informations utiles pour la Tunisie

    • Taxis : Bolt marche bien, mais les paiements se font exclusivement en cash. Gardez de petites coupures sur vous, car le rendu monnaie peut-être un peu compliqué… Idéal pour éviter de se prendre la tête avec des chauffeurs pas toujours honnêtes (notamment à l’aéroport).
    • La monnaie ne s’échange pas hors des frontières (et officiellement vous n’avez pas le droit de sortir du pays avec des dinars), donc prévoyez d’échanger ce qu’il vous reste avant de partir. Pour cela, vous devez présenter un ticket de distributeur ou une quittance de change que vous aurez pris soin de conserver précieusement lors de l’obtention des dinars tunisiens. Pas la peine d’en garder, une fois passée la sécurité de l’aéroport, elle n’est plus utilisable. Tous les prix sont en euros (et tout est extrêmement cher, donc évitez le shopping dans le duty free, aucun intérêt).
    • La période du ramadan est un peu particulière : les gens ne mangent que le soir, donc beaucoup d’établissements sont fermés la journée. Ce n’est bien sûr pas un problème dans les zones touristiques, mais le centre-ville de Tunis est un peu triste à ce niveau. Les vitrines des établissements ouverts sont généralement tapissées de vieux journaux pour en cacher la vue, et l’intérieur peut être assez enfumé, car c’est aussi les rares endroits où l’on peut fumer (et surtout pas dans la rue). À La Marsa, c’est moins un problème, mais vous verrez quand même une différence due au ramadan. Cependant, il n’est pas nécessaire d’éviter cette période à tout prix, l’atmosphère est intéressante et très festive la nuit. Si vous visitez la Tunisie pendant le ramadan, je vous recommande fortement de passer quelques soirées dans la médina de Tunis !
    • Les étoiles des hôtels en Tunisie ne correspondent pas forcément aux standards auxquels vous êtes habitués. C’est souvent le cas à l’étranger, mais je tiens quand même à le préciser.

    Vous y êtes allés ? Partagez votre expérience et ajoutez vos bons plans en commentaires. 😉

  • Comment voyager avec le syndrome du côlon irritable ?

    Comment voyager avec le syndrome du côlon irritable ?

    Cet article s’adresse avant tout aux personnes souffrant du syndrome de l’intestin irritable (SII), aussi appelé syndrome du côlon irritable ou colopathie fonctionnelle. Personnellement, j’utilise aussi son sigle anglophone, IBS pour irritable bowel syndrome (IBS-D assez sévère pour moi).
    Si vous êtes curieux, vous pouvez consulter Wikipédia ou le Vidal.

    Mais en toute franchise, si vous ne connaissez pas ce terme, vous pouvez sauter cet article et vous considérer heureux.

    Plusieurs personnes m’ont demandé comment j’arrivais à voyager autant malgré ça.
    Je ne vais pas vous mentir, il n’y a pas de solution miracle, ça rend la vie et le voyage compliqués. J’en subis régulièrement les inconforts, d’autant plus que mon IBS est assez violent.

    Avec le temps, j’ai développé quelques stratégies pour mes voyages, et c’est ce que je vais partager avec vous.

    Budget

    Il faut savoir que voyager avec le SII, ça me coûte cher.

    Au départ, je voyageais de manière assez économique, avec de longs trajets en bus et des séjours en auberge de jeunesse. Mais avec des crises devenant de plus en plus fortes et fréquentes, j’évite au maximum désormais. Vingt heures de bus sur un siège minuscule et inconfortable, quand on est en crise, c’est le purgatoire. Quant aux auberges de jeunesse, elles n’ont pas toujours un nombre de toilettes suffisantes (en Géorgie, j’en ai même croisé une qui n’avait qu’une seule salle de bain/WC pour 14 lits!), ce qui rend les choses extrêmement inconfortables, comme vous pouvez l’imaginer. Sans compter les allergies, la plupart me provoquant des crises d’asthme (un autre problème qui se renforce avec l’âge…).

    Le logement

    Comme dit plus haut, j’évite désormais au maximum les auberges de jeunesse, ainsi que les logements où les toilettes sont partagées.

    Je privilégie désormais les appartements entiers (studios inclus) et les hôtels (avec SdB privée, cela va de soi).

    Si je voyage avec 3 personnes ou plus, ce qui m’arrive rarement, j’essaye dans la mesure du possible de trouver des logements avec deux WC. Même si ce n’est pas forcément indispensable, ça me permet d’avoir l’esprit tranquille, un point essentiel (on y reviendra un peu plus tard).

    À noter, le camping et le voyage en van qui marchent bien pour moi.

    L’alimentation

    Bon, ça c’est le point que l’on maîtrise le plus en général (au niveau des connaissances, pas forcément de la pratique !), je serai donc relativement bref.

    Si vous suivez un régime sans FODMAP assez strict (phases 1 et 2, élimination et réintroduction notamment), prévoyez de cuisiner, vous ne trouverez aucun restaurant adapté (donc appartement avec cuisine équipée, ou voyagez avec votre cuiseur à riz ou autre). Personnellement, je n’ai jamais réussi à suivre ce régime en entier, trouver des ingrédients adaptés dans certains pays relevant du défi (ou alors, dites adieu au peu de variété qu’il vous restait). Je pense sincèrement qu’il vaut mieux éviter de voyager pendant ce régime.

    Pour les autres, évitez ce que vous savez, et ayez une liste de safe food à portée de main.

    Pour ma part, ce qui marche bien, ce sont les viandes grillées et les sushis/sashimis (les vrais, pas les réinterprétations modernes avec plein d’ingrédients bizarres).

    Le transport

    Je pense que c’est la partie qui intéressera le plus de monde. En tout cas, c’est la partie qui m’a donné le plus de fil à retordre (et qui reste toujours la moins confortable).

    La voiture

    Quand je voyage en Europe, j’utilise principalement la voiture.

    Pour moi, c’est le plus confortable : je peux faire des pauses en fonction des besoins, qu’il s’agisse d’utiliser les toilettes, de me reposer ou de marcher un peu le temps que la douleur se calme. Voire de rester quelques jours sur place en cas de crise prolongée.

    Pour les longs trajets comme ceux entre la France et l’Europe de l’Est où j’ai ma base estivale (environ 2400 km), je réserve mes nuits d’hôtel en dernière minute en fonction d’où je me trouve, pour éviter le stress de devoir absolument faire 800 km avant telle heure pour l’enregistrement. Les chaînes d’hôtels internationales sont plutôt pratiques pour ça. Pour ma part, j’aime bien Accor (Ibis, etc.).

    Notez que dans certains pays comme la Roumanie, il y a de nombreux hôtels-restaurants au bord des routes qui vous accueilleront sans réservation, à un prix raisonnable.

    Un autre avantage que je trouve aux trajets en voiture, c’est qu’en me concentrant sur la conduite, je pense moins à la douleur.

    J’utilise également les taxis et voitures avec chauffeur pour les plus courts trajets, afin d’éviter les transports publics. Il m’est arrivé de louer un taxi à la journée pour plus de confort. Bien sûr, cela dépend du prix : ça marche bien dans les pays où le coût de la vie est assez bas, mais beaucoup moins en France, en Suisse ou au Canada !

    Le bus

    J’évite les longs trajets en bus, en particulier si je suis seul. La peur que le bus reparte sans moi à la pause s’ajoute à l’inconfort. À deux, c’est déjà plus tolérable.

    Une exception à ça : les bus en Ukraine. Ils font des pauses plus ou moins régulières, mais il y a toujours quelqu’un pour faire remarquer votre absence au chauffeur. J’en ai pris plusieurs l’an dernier sans souci particulier, si ce n’est l’attente aux frontières due aux contrôles de sécurité renforcés. Cela dit, si jamais le besoin se fait sentir, il y a généralement des toilettes disponibles juste avant la douane.

    Le train

    À mon sens, plus confortable que le bus. Il y a des toilettes à bord, et l’on peut marcher le long des wagons pour faire passer la douleur si besoin.

    L’avion (le boss final)

    Prendre l’avion quand on a le syndrome de l’intestin irritable peut être très inconfortable. Je pense que c’est le moyen de transport le plus compliqué pour de nombreuses raisons :

    • les phases d’atterrissage et de décollage (avec parfois beaucoup d’attente), ainsi que les turbulences, ne permettent pas l’accès aux toilettes.
      En cas de crise, essayez d’y aller juste avant, et dès que vous en ressentez le besoin si cela est possible (sinon, vous allez découvrir que c’est toujours quand on se dit « plus que 20 minutes à tenir et je pourrai utiliser celle de l’aéroport » que votre vol sera coincé 40 minutes de plus sur le tarmac).
    • le choix du siège : personnellement, dans la mesure du possible, un siège côté couloir me rassure, ça évite de déranger une voire deux personnes en cas d’urgence.
      Cela dit, sur les vols courts où le choix du siège est généralement payant, je prends ce qui vient et n’ai jamais eu de souci (je crois les doigts).
    • la boisson : pour éviter tout risque, je prends uniquement de l’eau plate. Si vraiment je me sens aventureux ou que le vol est très court, un jus d’orange.
      J’emporte toujours une bouteille d’eau avec moi, mais de manière générale j’essaye de ne pas trop boire à bord (juste de quoi éviter la déshydratation, j’écoute mon corps).
    • les repas : la plupart des compagnies aériennes vous proposent de choisir un menu spécial si vous réservez plus de deux ou trois jours avant le vol. Dans ces cas-là, je demande en général le menu sans gluten ou autre en fonction des options.
      Cela dit, les menus de classe éco sont rarement très élaborés et les portions sont petites. Je n’ai jamais eu de souci avec.
    • la nausée : ce n’est pas réservé à l’avion, mais contrairement au bus ou à la voiture, l’avion ne fera pas de stop avant son atterrissage.
      Vous ne pourrez pas non plus ouvrir la fenêtre pour prendre un bol d’air frais.
      Quand ça m’arrive, je ferme les yeux, j’essaye de dormir, et je serre les dents… un peu comme avec les douleurs aux oreilles dues à la pression (sauf que là, ce n’est pas la faute au SII).

    Quelques conseils supplémentaires :

    • je ne l’ai jamais fait, mais je pense que si vous le sentez mal dès le départ, expliquer à l’hôtesse ou au steward que vous souffrez du SII peut-être une bonne idée. Parfois, même si je ne cautionne généralement pas le mensonge, il peut être préférable de mentionner la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique, qui sont plus connues ou mieux prises au sérieux avec des symptômes et besoins similaires.
      Ça peut aider pour l’accès (potentiellement prolongé) aux toilettes pendant le vol.
    • voyager en business ou en première rend sans doute l’expérience plus confortable (pour ce qui concerne le SII, le reste étant évident).
    • le projet Hidden Disabilities Sunflower, qui permet de signaler ses besoins spécifiques de manière discrète dans les aéroports (entre autres), peut être intéressant. Je ne l’ai pas testé, et ça reste limité géographiquement pour le moment (certaines compagnies le reconnaissent, d’autres non), mais c’est une initiative à suivre.

    À emporter avec soi

    • toujours prévoir des mouchoirs en papier et du gel hydroalcoolique. Si besoin, un rouleau de papier WC pour les pays où ce n’est pas toujours proposé (hello Azerbaijan) et si vous vous éloignez des zones touristiques.
    • un sous-vêtement de rechange si vous risquez d’en avoir besoin (ça peut rassurer)
    • certaines associations proposent des cartes « priorité toilette », souvent en plusieurs langues avec une courte explication. Elles n’ont pas de valeur légale mais peuvent aider en cas d’urgence.
      À défaut, préparez une traduction dans la langue du pays, sur papier ou sur votre téléphone.

    Ma nutrition avant et pendant le transport

    Quand c’est possible, j’essaye de consommer des ingrédients que je sais bien tolérer un ou deux jours avant le départ. Donc, souvent, du riz blanc et des steaks.

    Ce n’est pas très drôle (surtout quand vous voulez profiter d’un plat spécifique avant de partir), mais ça m’aide beaucoup. Plus le trajet est long ou risqué (en termes de SII), plus j’y fais attention.

    Souvent, je ne mange pas trop le jour du voyage. Je garde des amandes décortiquées ou autres snacks du genre pour contrer la faim.
    Plus je me rapproche de l’arrivée, plus je m’autorise à boire et à manger (dans la limite du raisonnable).

    Pour les trajets sur plusieurs jours, je mange davantage au dîner. Pendant la journée, j’essaye de faire des petits repas/en-cas en écoutant mon ventre.

    Médication

    Souvent, pour me rassurer et à titre préventif en cas de long trajet, je prends un lopéramide un peu avant le départ. Parfois deux, en fonction de mon état. Ça me bloque un peu, mais souvent il me faut plusieurs jours pour m’en remettre.

    !!! Ne faites pas ça sans avoir consulté votre médecin auparavant. Chaque cas est différent et il ou elle aura peut-être quelque chose de mieux adapté à votre cas. Je n’ai pas de connaissance médicale en dehors de ma propre expérience en tant que patient, et rien de ce qui est dit ici ne peut être considéré comme un conseil médical.

    La gestion du stress

    Vous aurez remarqué que nombre de mes conseils sont plus destinés à vous apaiser qu’à lutter contre les crises. C’est parce que gérer le stress et la nervosité reste l’un des points les plus importants, si ce n’est LE plus important, pour qui voudrait voyager avec le syndrome de l’intestin irritable.
    Voyager est source de stress (nouvel environnement, langue, coutumes, peur de rater l’avion…), et c’est d’autant plus vrai quand on doit gérer un problème supplémentaire tel que le SII. Or, le stress reste notre grand ennemi vu qu’il peut aggraver les symptômes.

    Il est donc important de le réduire au maximum en amont, en vous inspirant des conseils déjà donnés.

    Quelques autres trucs que j’applique :

    • rythme de voyage assez lent, avec des jours de repos.
    • pas trop planifier en avance. Rester flexible permet de moduler son temps en fonction des symptômes du moment. Écoutez votre corps, s’il faut faire une pause, faites-la. Ne vous forcez pas.
    • toujours avoir une application de taxi à disposition, pour pouvoir rentrer à l’hôtel plus tôt si le besoin s’en fait sentir (notamment en cas de douleur insoutenable).
    • toujours avoir du lopéramide sur soi (ou autre, en fonction des recommandations de votre médecin, ceci n’est pas un conseil médical).
    • ne pas se prendre la tête. Même si je ne visite pas la Statue de la Liberté à New York ou le Colisée à Rome, j’aurai quand même fait un beau voyage. Ne vous mettez pas la pression avec les « must-see ».
    • parfois, il vaut mieux voyager seul que mal accompagné. Vous serez stressé et pressé par vos compagnons de voyage, et eux seront frustrés par la gêne involontaire que vous leur occasionnerez. C’est moche à dire, mais c’est comme ça.
    • si vous pouvez vous le permettre, montez en gamme. Mieux vaut voyager un peu moins mais dans de meilleures conditions.

    Voilà, je pense avoir fait le tour. Je ne vous promets pas qu’en suivant tous mes conseils votre intestin vous laissera en paix pendant les vacances, mais ça devrait aider.

    Ceux d’entre nous qui ont des variantes fortes du syndrome savent à quel point c’est difficile à maîtriser.

    Pour ma part, cette stratégie me permet de voyager dans des conditions acceptables. Parfois même meilleures que quand je reste à la maison (l’adrénaline du voyage, peut-être ?).

    À vous de trouver ce qui fonctionne le mieux pour vous, chaque cas étant unique (c’est un syndrome après tout !). Ceux qui souffrent de constipation auront sans doute une approche différente pour certaines choses, je n’ai pas assez d’expérience pour les aider davantage.

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  • Comment rester au fait de l’actualité sans se faire submerger ?

    Le problème

    L’info est (trop) facilement accessible, mais surtout, abondante. Le moindre site d’actualités va multiplier les articles de faible qualité (et de peu d’intérêt !) afin d’augmenter ses revenus. Les médias ne cherchent plus vraiment à nous informer, mais plutôt à capturer notre attention pour la monétiser. La presse écrite, la télévision ou encore la radio ont tendance à suivre le mouvement, avec une priorité à l’infodivertissement sur l’info utile et vérifiée.

    Ça nous fait perdre du temps, de l’énergie, et provoque de la fatigue mentale et émotionnelle. 

    La solution idéale

    Pour moi, la solution idéale serait de recevoir chaque jour, de préférence le matin, une revue de presse pertinente, neutre et sans pub. 

    Il faudrait donc que le contenu soit personnalisé pour chacun. 

    Dans mon cas, par exemple, je souhaiterais avoir :

    • l’actu technologique, et particulièrement ce qui touche à l’intelligence artificielle et à la productivité ;
    • les titres importants de l’actualité mondiale (très peu, je me fiche de savoir que le Premier ministre japonais s’est remarié ou que le Danemark prépare ses élections municipales) ;
    • les principales infos du lieu où je me trouve (donc quelque chose qui varie en fonction de mon emplacement), notamment ce qui touche à la sécurité et à la logistique (grosse manifestation ou festival en centre-ville, donc des rues fermées ou un trafic difficile, épidémie, ou autres) ;
    • les infos sur les changements législatifs qui me concernent (visas, taxes ou autres).

    Avec la possibilité de développer l’une des actus directement au format texte, sans sortir de la page.

    Idéalement, 5 minutes seraient suffisantes pour me tenir au courant de ce dont j’ai réellement besoin.

    Pour cela, je serais prêt à payer un abonnement. L’économie en temps et en attention en vaut largement la peine.

    Pour autant, je n’ai pas trouvé de fournisseur pour cette solution idéale. Notamment au niveau de la neutralité de l’info, un point qui m’oblige à consulter plusieurs sources sur les sujets les plus sensibles. Je ne veux pas connaître l’opinion du journaliste ou de la majorité, les narratifs officiels ou autres, je souhaite simplement des faits vérifiés.

    Dans la pratique ?

    Aujourd’hui, je suis l’actualité de différentes façons.


    Les flux RSS

    L’une des solutions que j’apprécie beaucoup, à défaut de mieux, est la lecture de flux RSS. Ils permettent d’obtenir les articles sans la pollution visuelle qui les entoure. Malheureusement, de moins en moins de sites offrent un flux RSS complet, car c’est moins rémunérateur. Et ça ne résout pas le problème relatif à la qualité des articles. D’ailleurs, ça ne marche qu’avec les sites spécialisés qui ne publient pas trop d’articles chaque jour. 

    Un site que je lis régulièrement par le biais de son flux RSS est MacRumors, un média anglophone sur l’actualité technologique, spécialisé Apple. C’est une solution que je vais continuer à explorer pour suivre certains sites spécifiques, mais trouver les bons flux prend du temps…

    Le lecteur de flux RSS que j’utilise actuellement est NetNewsWire. Il est gratuit (et Open Source), disponible sur Mac et iOS. On peut aussi mettre les articles de côté pour y revenir facilement plus tard, même hors-ligne.

    Vous pouvez également consulter le présent blog via son flux RSS.

    Le mode lecteur de Safari (et des autres)

    Un peu dans le style du lecteur RSS, cela permet de lire les articles sans la pollution visuelle. On reste cependant obligés de parcourir le site pour trouver les articles. Je m’en sers souvent pour les longs articles, ça me permet de me concentrer sur le contenu sans être dérangé par ce qu’il y a autour.

    Copie d'écran d'un article ouvert avec le mode lecture de Google Chrome.
    Un article de 20minutes avant et après le passage par le mode lecture de Google Chrome.

    Les Newsletters

    C’est pratique, je suis abonné à une lettre d’information quotidienne sur l’intelligence artificielle. Malheureusement, plus ça va, plus le contenu publicitaire prend le dessus sur le contenu intéressant. Je vais sans doute me désabonner bientôt. Comme avec les flux RSS, il est difficile d’en trouver des bonnes.

    Les podcasts

    Mon smartphone ajoute souvent un court podcast à ma routine matinale. Environ 5 minutes, en anglais. Un média différent chaque jour, ce qui est bien pour varier les points de vue. C’est sympa, mais ce n’est pas forcément les actus dont j’ai besoin, et ça a les mêmes inconvénients que les médias traditionnels (absence de neutralité, pertinence de l‘info). Pour ceux qui préfèrent l’écoute à la lecture, ça peut-être bien, à condition de trouver les bons podcasts…

    Les autres solutions que je n’utilise pas (ou plus)

    Les journaux papier

    Ça a l’avantage d’être un format figé, donc pas de clics qui nous emmènent ailleurs pendant la consultation. En revanche, ça reste plein d’infos moins utiles et de qualité moyenne en fonction des éditeurs. La concision n’est pas toujours de mise, la neutralité non plus.

    En tant que voyageur, difficile de trouver son journal à l’autre bout du monde, d’autant plus que la presse écrite périclite…

    Les abonnements payants aux médias traditionnels

    Bien qu’ils puissent parfois fournir des articles d’une qualité supérieure aux médias gratuits, et moins de publicité, ils ne résolvent pas les problèmes de la neutralité et de l’abondance d’infos qui sont plus une distraction qu’autre chose. Du coup, j’ai arrêté. 

    La télé

    Je n’ai jamais été fan de la télé. Je n’en ai pas, et ne vois pas en quoi cela pourrait m’aider dans la démarche.

    Conclusion


    Je ne crois pas qu’il y ait aujourd’hui de solution parfaite. Il nous faut trouver le juste-milieu, entre le niveau d’information que nous souhaitons garder et l’énergie mentale que nous pouvons y consacrer. La grande difficulté reste de trouver du contenu pertinent et adapté à ses besoins. Je crois aussi qu’il est important de garder à l’esprit qu’une grande partie de l’information ne nous est pas utile, mais nuisible. Il faut résister à la peur de manquer quelque chose, que ce soit les potins, le dernier film à la mode, ou un accident d’avion à l’autre bout du monde. 


    Et vous, suivez-vous l’actualité ? Si oui, comment ? Si non, pourquoi ? Partagez vos astuces et vos recommandations dans les commentaires.